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Coupure d’électricité Sonelgaz : le point sur la limite d’impayés et les clarifications du ministre

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Sonelgaz face aux impayés : quelle est la limite avant la coupure d’électricité ?

Dans un contexte économique où la question des créances pèse sur les entreprises publiques, Sonelgaz, le géant algérien de l’électricité et du gaz, est confronté à une accumulation préoccupante de factures impayées. Alors que la direction multiplie les campagnes de recouvrement, une interrogation récurrente des abonnés concerne le seuil à partir duquel l’entreprise est autorisée à procéder à une coupure d’électricité. Le sujet, souvent source de tension, a récemment fait l’objet de clarifications de la part du ministre de l’Énergie, Mourad Adjal. Cet article fait le point sur la situation financière de l’entreprise, les procédures en vigueur et les dernières informations disponibles.

L’ampleur des créances : un défi financier pour Sonelgaz

Le montant des factures impayées constitue un défi majeur pour l’équilibre financier de Sonelgaz. Les données communiquées par différentes directions régionales donnent la mesure du problème. Dans la wilaya de Boumerdès, les créances totales s’élevaient à 353 milliards de centimes à la mi-2025, avec une part inquiétante de 119,9 milliards due par le secteur industriel. À l’échelle nationale, la direction de la communication de Sonelgaz évoquait récemment un portefeuille de créances dépassant 203 milliards de dinars algériens, réparti entre les ménages, les administrations publiques et les opérateurs économiques.

Cette accumulation d’impayés a des conséquences directes sur la capacité d’investissement de l’entreprise. Comme l’expliquait un responsable à Tipasa, ces créances « impactent lourdement nos investissements », notamment pour le renforcement des réseaux et l’entretien des installations, des besoins d’autant plus pressants que le pays connaît une dynamique accrue de construction. Pour faire face, l’État est intervenu en effaçant, par le passé, des dettes de communes évaluées à 140 milliards de centimes.

La procédure de coupure : entre rappel à la loi et mesures d’accompagnement

Face à ce phénomène, quelle est la marge de manœuvre de Sonelgaz ? Contrairement à une idée répandue, l’entreprise ne procède pas à une coupure d’électricité à la première facture impayée. La procédure habituelle est graduelle et privilégie d’abord le dialogue et les solutions d’apurement.

Dans la pratique, comme le détaillent les sources disponibles, les abonnés qui n’ont pas réglé deux factures consécutives ou plus sont invités à se rapprocher des agences commerciales pour établir un échéancier de paiement. Cette mesure, conçue comme une dernière chance avant la coupure, permet aux clients en difficulté de régulariser leur situation par versements fractionnés. Ce n’est qu’en cas de non-respect de cet engagement que les agents de Sonelgaz sont habilités à procéder à l’interruption de la fourniture.

Les directions régionales mènent régulièrement des campagnes de sensibilisation pour informer les abonnés de cette procédure et des risques encourus. Par exemple, à Tipasa, les responsables insistent sur le fait qu’une fois la coupure effectuée, « le client perd automatiquement le recours à cet avantage et doit payer les frais de coupure, en plus du montant des factures impayées ». L’objectif est donc clairement d’inciter au règlement avant d’en arriver à cette extrémité.

Clarifications ministérielles et actions parallèles de Sonelgaz

La gestion des impayés et les prérogatives de Sonelgaz sont des sujets qui remontent régulièrement au niveau politique. L’attention s’est particulièrement portée sur ce dossier avec la nomination, en septembre 2025, de Mourad Adjal au poste de ministre de l’Énergie et des Énergies Renouvelables. Ancien PDG de Sonelgaz, Adjal connaît parfaitement les défis de l’entreprise et a été amené, dans ses nouvelles fonctions, à apporter des clarifications sur les politiques de recouvrement.

Si les comptes rendus disponibles ne détaillent pas une déclaration spécifique sur un nombre exact de factures autorisant la coupure, ils montrent que le ministre supervise une approche globale du secteur. Cela inclut la modernisation des services, comme en témoigne la signature, en juillet 2025, d’une convention-cadre avec Algérie Poste pour généraliser le paiement électronique des factures via l’application Baridimob. Cette mesure vise précisément à faciliter les paiements et réduire les impayés.

Parallèlement, Sonelgaz poursuit une stratégie de développement ambitieuse pour améliorer son service. Durant l’été 2025, l’entreprise a ainsi mis en service de nouvelles infrastructures pour un coût de 168 milliards de dinars, augmentant notamment sa capacité de production de 1 172 MW. Ces investissements colossaux, nécessaires pour répondre à une demande croissante et sécuriser l’alimentation, dépendent en partie d’une saine gestion financière et donc du recouvrement des créances.

Au-delà des coupures : un problème structurel et des pistes de solution

La question des impayés dépasse le simple cadre de la relation client-fournisseur et touche à des problèmes structurels. D’une part, certains retards de paiement sont attribués aux séquelles économiques de la pandémie de Covid-19. D’autre part, la multiplication des agressions contre les réseaux (comme les travaux de terrassement anarchiques qui ont causé 29 incidents à Oran depuis début 2025) génère des pertes techniques estimées à 100 milliards de centimes par an, affaiblissant davantage l’entreprise.

Face à ce tableau complexe, les solutions envisagées sont multidimensionnelles :

  • La facilitation du paiement via le numérique, avec des résultats concrets comme les 27,7 millions DA réglés en ligne en trois mois dans la wilaya de Constantine.
  • La sensibilisation des clients, tant sur les risques liés aux impayés que sur des enjeux de sécurité comme l’installation gratuite de détecteurs de monoxyde de carbone, refusée par plus de 15 000 ménages.
  • Une action résolue auprès des grands débiteurs, notamment industriels, dont les dettes représentent une part disproportionnée des créances totales.

La politique de coupure d’électricité reste ainsi un outil de dernier recours dans un arsenal plus large. Elle vise à protéger la viabilité économique d’un service public essentiel, tout en étant encadrée par des procédures qui laissent une place au règlement amiable. Alors que le ministre Mourad Adjal pilote désormais la feuille de route du secteur énergétique, l’équilibre entre fermeté nécessaire pour assurer les recettes et compréhension des situations sociales des abonnés demeure un enjeu de gouvernance quotidien pour Sonelgaz et ses 8,5 millions de clients.