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Soutien technique de l’AIEA à l’Algérie : Vers un développement nucléaire pacifique et stratégique

Soutien technique de l'AIEA à l'Algérie

L’Algérie et l’AIEA signent une déclaration commune pour renforcer le soutien technique dans le nucléaire civil

L’Algérie a franchi une nouvelle étape significative dans le développement de ses programmes nucléaires à des fins exclusivement pacifiques. Le ministre d’État chargé des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, et le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, ont signé, ce dimanche 8 décembre, une déclaration commune visant à renforcer l’assistance technique apportée par l’agence onusienne. Cette signature intervient à l’issue d’une réunion en visioconférence ayant permis de faire le point sur les engagements pris lors de la visite de M. Grossi à Alger en octobre dernier.

Ce nouvel accord cadre s’inscrit dans une dynamique de coopération de longue date entre l’Algérie et l’AIEA, et marque une volonté d’accélérer les projets structurants dans des domaines aussi critiques que l’énergie, l’eau et la sécurité alimentaire. Il consolide la position de l’Algérie comme un acteur responsable et transparent dans le domaine du nucléaire civil, pleinement engagé dans le respect des normes et conventions internationales.

Une feuille de route pour des applications nucléaires stratégiques

La déclaration commune signée entre Alger et Vienne est bien plus qu’un protocole d’intention ; elle établit une feuille de route concrète pour les années à venir. L’AIEA s’engage à accompagner techniquement l’Algérie dans l’élaboration d’une étude approfondie destinée à développer les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire. Cette étude se concentrera sur quatre secteurs identifiés comme prioritaires pour le développement national.

La production d’électricité constitue l’un des axes majeurs de cette coopération. Face à une demande énergétique croissante et dans un contexte mondial de transition, l’Algérie explore les possibilités offertes par le nucléaire pour diversifier son mix énergétique et garantir son indépendance à long terme.

Le domaine de la santé publique bénéficiera également de ce soutien technique renforcé. Les applications médicales des technologies nucléaires, notamment dans le diagnostic précoce et le traitement de maladies comme le cancer, représentent un enjeu majeur d’amélioration des soins pour la population algérienne.

Dans un contexte de stress hydrique récurrent, le dessalement de l’eau de mer par des techniques nucléaires est identifié comme une solution stratégique pour la sécurité hydrique du pays. Cette technologie pourrait permettre de produire de l’eau potable à grande échelle tout en générant de l’électricité, une combinaison vitale pour le développement.

Enfin, le secteur agricole est concerné par l’utilisation de techniques nucléaires pour l’amélioration génétique des cultures, la lutte contre les parasites et la conservation des aliments, contribuant ainsi à renforcer la souveraineté alimentaire.

Un partenariat ancré dans un cadre légal et réglementaire robuste

La signature de cette déclaration n’est pas un acte isolé, mais s’appuie sur un cadre juridique national que l’Algérie a consciencieusement mis en place ces dernières années. Ce nouveau partenariat technique s’inscrit dans la continuité des efforts de renforcement des capacités réglementaires, comme en témoigne le premier atelier national sur le droit nucléaire organisé en juin dernier à Alger.

Cet atelier, co-organisé par l’AIEA et l’Autorité Nationale de Sûreté et de Sécurité Nucléaires (ANSSN), avait rassemblé plus d’une centaine de participants pour discuter de la mise en œuvre de la loi nationale globale sur le nucléaire, adoptée en 2019. Lors de cet événement, le président de l’ANSSN, Rachedi Menadi, avait souligné que si « un cadre législatif adéquat est nécessaire pour protéger les personnes et l’environnement des effets nocifs des rayonnements ionisants, ce n’est que la première étape ». L’application effective de ce cadre, avait-il ajouté, nécessite la contribution active de toutes les parties prenantes.

Le renforcement actuel de la coopération technique avec l’AIEA répond précisément à cet impératif d’application. Il permet de doter l’Algérie non seulement des textes de loi, mais aussi de l’expertise et des moyens pratiques pour les mettre en œuvre en toute sécurité. La délégation algérienne, conduite par Rachedi Menadi, a d’ailleurs récemment pris part aux travaux de la 69e Conférence générale de l’AIEA à Vienne en septembre 2025, démontrant l’engagement continu du pays dans les enceintes internationales spécialisées.

Perspectives et enjeux d’un développement nucléaire responsable

Pour l’Algérie, ce renforcement du soutien technique de l’AIEA ouvre des perspectives de développement dans des secteurs clés de l’économie nationale. Il s’agit d’une démarche scientifique encadrée, qui place le pays parmi les nations africaines engagées dans une voie d’innovation technologique maîtrisée et responsable.

L’enjeu de la formation des compétences humaines sera central pour la réussite de ces projets. Le transfert de technologie et de savoir-faire promis par l’accord devra s’accompagner d’un programme ambitieux de formation d’ingénieurs, de techniciens et de chercheurs algériens, afin de garantir une autonomie à long terme.

La question de l’acceptation sociale des applications nucléaires, notamment dans le domaine énergétique, constituera un autre défi à relever. Elle nécessitera une communication transparente et pédagogique de la part des autorités, mettant en avant les garanties de sûreté, de sécurité et les bénéfices concrets pour la population dans les domaines de la santé, de l’eau et de l’agriculture.

Sur le plan géopolitique, ce partenariat renforcé avec l’AIEA conforte la position de l’Algérie comme un acteur stable et fiable dans le domaine nucléaire civil. Il démontre sa capacité à mener des projets de haute technologie dans le strict respect de ses engagements internationaux, un atout pour son image et son influence diplomatique.